284                       Les Spectacles de la Foire.
époufe du lieur Foucault, maître à danfer, qui demeure grande rue du fau­bourg St-Antoine, et l'a priée de lui procurer un arrêté de ladite Duha­mel et un confentement pour que la plaignante pût toucher dudit Nicolet les 48 livres fur ce qu'il pouvoit devoir à ladite Duhamel. Que ladite femme Foucault a apporté famedi dernier, le matin, le confentement de ladite Fan­chon Duhamel qui reconnoit devoir ladite fomme de 48 livres à la plaignante et lui donne pouvoir de Ia recevoir. Que ladite veuve Duhamel ayant ima­giné que ledit Nicolet feroit la paye fur les 5 heures du foir eft venue trouver ledit Nicolet à fa loge, à la foire St-Ovide, pour recevoir ce qu'il devoit à fa fille, fans aucun pouvoir d'elle. Que le fleur Aulonde, fergent-major de la garde de Paris, s'étant trouvé là, et ayant entendu que ladite veuve Duhamel difoit qu'elle avoit formé oppofltion és mains dudit Nicolet, il lui a dit qu'elle ne pouvoit recevoir pour la demoifelle fa fille que la dame Beaulieu, plaignante, ne fût payée de ce que fadite fille lui devoit. Que fur cela, ladite plaignante, qui étoit chez elle dans fa boutique à la foire St-Ovide et ne /avoit pas ce qui fe paffoit à la loge de Nicolet, a vu accourir la­dite veuve Duhamel dans fadite boutique avec un air furieux, qu'elle y eft entrée et s'eft élancée fur ladite plaignante qui étoit avec la dame Nicolet, la dame veuve Brodin, Ie fieur Sauvat, les nommés Baptifte et Flè et nombre d'autres perronnés ; que ladite veuve Duhamel en mettant le poing fur le nez
de la plaignante lui a dit : «Te voilà, m.........1 tu me diras où eft ma fille!
Tu es une g.... et une puante, un c. pourri. On te connoît puifque tu as fait trois enfans avant d'étre mariée. Je te le prouverai, gueufe, c'eft Nicolet
lui-même qui me l'a dit, tu es une bonne g...., car tu es m.........de mon
enfant et tu as vécu de fon c. et c'eft ce qui te fait demander et exiger ce qu'elle ne te doit pas. » Qu'elle a répété ces honteux difcours nombre de fois avec des cris violens, voulant fe jeter fur la plaignante, ce dont elle a 'été empêchée par les perfonnes préfentes et par ledit Aulonde, qui eft fur-venu et qui s'eft mis entre elles deux, et qu'en fe retirant ladite Duhamel a.dit que la plaignante et fon mari étoient des canailles, qu'ils lui payeroient et qu'elle leur a craché au vifage en réitérant fés invectives et juremens.
Et comme Ia vie et la conduite de la plaignante font irrépréhenflbles, qu'elle eft connue pour une honnête femme et qu'elle a le plus grand intérêt de faire réprimer de pareilles .injures et calomnies, elle eft venue nous rendre plainte.
Signé : F. Laigle ; Auret de la Grave.
{Archives des Comm., n° 4961.)
D UJARDIN (LAFALOYE, dit), acteur forain, fut d'abord domestique chez le musicien Destouches, chanta pendant quelque temps dans les théâtres de province, puis entra dans les